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le blog de Frangélik
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25 juillet 2010

La Faute à Eve au Limonaire

Hier, c'était Limonaire.

LogoLimoNeg

elie_guillou  Elie Guillou et Fantine. (Urbain, j'ai pas trouvé de visuel ...)  fantine

http://www.myspace.com/guillouelie
http://www.myspace.com/fantineleprest

Le Limonaire, ça fait bien des années que j'en entends parler, et avec nos caboches bien dures, on n'y était jamais allés...

La première fois c'était Maryse, de mes miennes chanteuses, qui a pris la poudre d'escampette du côté des arpèges et des voix qui s'amourachent de bohème.

Maryse ...
Ma muse, mon Amérique à moi.
Elle saignait sa liberté toute crue, déjà, et moi j'enfilais des perles à mes chaînes quotidiennes pour qu'elles ne cèdent pas.

Elle me fascinait, Maryse, du haut de son accordéon, comme trois pommes et une chemise, une guitare et une chanson.

En ce temps là j'avais une vie toute plate, celle en forme de patate, où on regarde pousser ses rejetons en se disant "c'est déjà ça".

Et va savoir pourquoi, Maryse, elle, elle savait. Elle savait pour moi, vous comprenez ? Moi je ne savais pas.

Elle en avait des hommes !
Des hommes par-dessus les toits, si bleus, si calmes !
Et quand l'un d'entre eux venait se faire une miliplace de souris le temps d'une soirée, chez moi, quand Maryse de l'outre-Manche me revenait, flanquée d'un saltimbanque, jamais le même, il se sortait toujours une guitare pour colorier le temps qui passe.

Et le saltimbanque alors me disait de sa voix d'outre-manche que my voice had something very expressive, you know, yes, really. You have something to sing. et le saltimbanque m'écoutait, et Maryse riait, et ma voix cajolait un rêve furtif qui s'éteignait vite fait bien fait après la cuite. Les gens disent n'importe quoi quand ils sont bourrés. Surtout les artistes. Les artistes, ça picole, tu sais.

Et Maryse repartait avec son saltimbanque, après le legs fugace d'un bouquet d'heures dans mon appart en béton. Elle repartait avec sa bohème en bandoulière, et mon cœur, orphelin de ses routes.

Un jour j'ai parlé à Maryse de Frank.

Je lui ai parlé d'un amour d'enfance.

Je lui ai dit que je le cherchais. je lui ai dit que je ne trouvais pas. je lui ai dit que sans doute il vivait à l'étranger. je lui ai dit que l'amour c'était ce sentier là et pas un autre. ou alors, si, un autre, mais pour la promenade, oui, pour occuper le temps qui passe comme on sort ses gamins au parc Salengro : des choses jolies et confortables comme des impasses où tu aurais construit une ptite maison ...

oui mais l'amour comme un chemin, c'était Frank ou c'était rien.

Et là, Maryse m'a dit : "Tu vois, cette histoire, et ben moi j'y crois. Tu as quelque chose à faire avec cette histoire. C'est pas fini, non, c'est pas fini."

Bref.

Et le Limonaire dans tout ça ?

Et bien un jour, j'ai dit à Maryse que Frank était revenu. Et qu'on allait marier la bohème.

Et là, elle m'a parlé du Limonaire.

Elle m'en avait parlé déjà, pour elle, avant, avant d'être maman, quand elle chantait cheveux au vent avec son piano à bretelles.
Elle n'y est pas passée, elle, je crois.

Maryse, je suis infidèle, je sais, mais je n'oublie jamais rien, tu sais.

Bref.

Le Limonaire.

Hier, j'avais une soif de chansons comme ça n'arrive pas souvent.

Frank était à la Rochelle dans les embruns HLM, et moi je mangeais mon bitume quotidien en déballant mes affiches Frangélik aux quatre coins de mon Clichy-Village.

Et le bitume m'a chopée comme entre marteau et enclume, quand tu crois que bientôt ça explose, et pourtant, c'était Clichy-Village, mon presque chez moi à défaut de patrie.

Avant la crise de claustro, j'ai eu soif de chansons.

C'est comme ça que c'est venu.

Alors un clic et puis deux, et de fil en clic, j'ai appelé Le Alain, et en suivant, Le Limonaire, voilà, l'affaire était dans le sac et je pouvais re-respirer.

Je suis venue, avec Le Alain, on a mangé, un petit peu bu, et puis on les a vus, on les a entendus.

je voulais dire que Le Limonaire, c'est juste l'endroit pile poil dont j'avais besoin, ce samedi 24 juillet. ça faisait longtemps que je savais, mais c'est comme si j'avais retenu la rencontre pour le jour de nécessaire.

On en a fait, Frank et moi, des bistrots et des chapeaux, on en a fait. Même que Christophe nous y a suivis, juste parce que c'était nous, quand lui n'y croyait déjà plus. Il nous y a suivis dans des soirées improbables où la contrebasse esquivait le passage du serveur et où le percolateur chahutait nos voix à tout rompre ... On en a fait des bistrots et des chapeaux, et puis un jour on a dit non, plus envie, tu vois.

C'était pas pour être bégueules, non, c'était pas pour la thune, c'était pas pour le standing, non, c'était pas ça.

C'était juste parce qu'on avait décidé de respecter nos morceaux, notre public, et partant, nous mêmes. On n'a plus jamais voulu être l'apéro entre deux poignées de cacahuètes.

On a continué de jouer, pourtant, ici, là, pour rien, entre 4 z'yeux, au Bock de Bohème, par exemple (rien à voir !), en appart, chez des potes, au coin d'une scène de plein air, mais les restaus, les bistrots, non, pardon, plus envie.

On ressortait de là avec nos chansons presque à poils, nos chansons qui avaient la sensation saumâtre d'avoir couché pour rien avec un salopard, pour rien, ou pire, pour une poignée d'euros qu'elles vivaient presque comme une injure, un camouflet, un crachat dans la gueule. Après, fallait qu'on les console, nos chansons, tu comprends. Fallait leur refaire une virginité, et c'est pas simple tous les jours d'être les parents d'une chanson qui prend des airs de chiens battus ou de putain ravagée, avec pourtant l'ego tenace des sales gosses qui se prennent tous autant qu'ils sont pour des enfants uniques...

 

Et là, 24 juillet, je viens au Limonaire avec Le Alain.

Elie Guillou, Fantine, Urbain.

Et soudain, quelque chose m'empoigne, comme avant, comme au début, aux quatre premières notes émerveillées de se réveiller là, sous les doigts de Frank ou dans un coin de poche de mouchoir de texte, quelque chose m'empoigne. M'empoigne et me fait oublier - presque - les affiches, le bitume et tout le reste.

C'est un subtil mélange qui ressemble à l'escampette des arpèges, le saltimbanque volage, et le souvenir ténu mais tenace d'un grain de voix posé sur un regard.

C'est joli comme un voyage assis, entre ici et là, Paris et Brest, les Antilles, et la cité d'à côté, avec sa petite fille moche et son grand frère graffeur. C'est joli et simple comme une vague à l'âme, une corne à une page d'agenda, une virgule, un sourire.

L'histoire est presque complète.

Presque.

Il me manque Frank, ce matin.

D'ailleurs, je crois que ça s'est entendu dans notre téléphone à manger les kilomètres de nos frustrations plein les bottes.

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Commentaires
E
C'est émouvant de voir que derrière chaque phrase brassée après un concert, il y a de jolies histoires en train de s'écrire.<br /> <br /> A très bientôt et bonne route d'ici là ! <br /> <br /> Elie
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