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13 janvier 2014

La présence pure...

...et c'est comme ça que j'ai commencé un premier livre de Christian Bobin. 

L'envie (cf.article d'hier), l'endroit (la médiathèque Michel Crépeau). Et la suite, au bord du songe, entre veille et sommeil, au moment rescapé où on peut s'abreuver un peu aux mots des livres.

"Geai", par la voix de Nina, et désormais "L'épuisement", "Isabelle Bruges" et "La Présence pure". 

On ne prend pas ses marques. On ne peut pas ritualiser son geste de lecteur. J'ai dû peut-être découvrir 3 auteurs en 3 livres différents, avec jubilation. Des formats différents, des écritures différentes, et pourtant, une même voix. Une voix qui finit par devenir intérieure, parce que le grain moulu, il est dans mon tiroir, maintenant. 

Ce n'est pas comme des romans, et pourtant c'en sont parfois. Ce ne sont pas des poèmes, mais c'est de la poésie. Des portes ouvertes sur des univers, des personnages vécus du dedans, qui résonnent avec chaque expérience propre. On donne vie à une parole d'auteur, une parole couchée dans un ouvrage, une parole en jachère, on lui donne ce qu'on est pour qu'elle advienne.

Christian Bobin, c'est un auteur humble. Il nous permet d'exister au milieu de tout ça. Je ne sais pas s'il l'a fait exprès, mais il nous a laissé de la place, à nous, lecteur. 

"Travailler sur la langue c'est agir sur le monde : si les nazis ordonnaient aux déportés de ne jamais parler de "cadavre" mais de "marionnette" devant l'amoncellement de corps martyres, c'est parce qu'il est plus aisé de brûler des marionnettes qu'un être humain. Nous avons deux corps greffés l'un sur l'autre, le corps de chair et le corps de langue. Quand de la douleur ou de la joie arrive à l'un, l'autre en ressent les ondes. Quand le mensonge vient dans la langue, la mort pousse dans les chairs. C'est bien parce que certaines paroles nous tuent que d'autres peuvent nous ressusciter. C'est aussi pour cela que je ne m'éprouve pas comme écrivain : je dois trop à la puissance ressuscitante de l'écriture pour m'attarder un seul instant devant son esthétique." (L'épuisement, aux éditions Le temps qu'il fait).

Christian Bobin a publié en 2013 "L'homme-joie".

Il a donné lieu à un article ici : http://www.lexpress.fr/culture/livre/christian-bobin-nous-ne-sommes-pas-obliges-d-obeir_1219139.html

 

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