Elie, agitateur de chaussettes depuis 2007 : le Lavomatic Tour...

Il y a des gens qui aiment les gens, et puis les mots, la musique et leur partage. Et qui viennent à la scène pour ça. Et qui apportent la scène au pied du public, pour qu'elle devienne une histoire de famille. 

Comme dit une formule populaire, parfois, on "lave son linge sale en famille" : ça vaut pour les règlements de compte en général. Mais c'est pas obligé. Le linge sale, c'est pas déshonorant ni belliqueux, puisqu'on a tous besoin de chaussettes propres...alors pourquoi la scène ne pourrait-elle pas devenir un espace privilégié où l'on réapprendrait à laver son linge sale en famille ? ça serait peut-être aussi chouette qu'un lavoir du temps des lessives et des planches à laver et des lessiveuses à bouillir et de l'huile de coude à verser au flot des rivières, aussi chouette que cet espace de parole spontanée, avec ses chanteuses du quotidien au cheveu défait... aussi chouette que l'idée qu'on s'en fait, en tout cas, la pénibilité en moins, la mixité en plus.

Elie Guillou, c'est le gars qui a apporté la scène de tout le monde au pied du linge sale : il a inventé le Lavomatic Tour. 

Le Lavomatic Tour, c'est profiter de l'espace collectif que représentent les laveries automatiques pour y faire exister une scène ouverte éphémère, qui dure le temps d'une lessive.

La règle du jeu est la suivante : tu apportes une poignée de linge sale et un petit sou. Tu viens au rendez-vous qui est fixé par Elie dans l'agenda du Lavomatic : une adresse, un lavomatic, un horaire. Tu y retrouves quelques personnes qui ont aussi apporté une poignée de chaussettes et un petit sou. Vous mettez ensemble une grosse lessive à tourner en mettant en commun linge sale et petits sous. Et pendant qu'elle tourne, vous dites des textes, vous chantez des chansons, vous jouez de la flûte, de la guitare, de la guimbarde ou autre chose. Il y en a des qui sont venus des fois avec une contrebasse. C'est sûr, c'est plus compliqué. Mais ça marche aussi si on serre les coudes.

Il arrive quelquefois que le propriétaire de la laverie, ou son gérant, débarque et veuille vous mettre à la porte parce que vous faites du bruit, et puis vous êtes nombreux, et puis vous êtes des musiciens, et puis on ne comprend pas bien ce que vous faites, là, tous rassemblés. Elie a tout prévu : il explique au monsieur ou à la dame qu'on respecte le lieu, qu'on fait juste tourner une machine tous ensemble en chantant des chansons, et qu'ensuite on partira bien gentiment avec du linge propre et des refrains dans la tête. A cet endroit-là de l'histoire, de deux choses l'une :

- soit cela suffit pour convaincre, alors vous restez là et vous poursuivez votre aventure au rythme du tambour. Il arrive même que le patron se joigne à vous et pousse sa chansonnette. 

- soit le maître de céans est intraitable, et en ce cas, vous quitterez tous les lieux poliment pour rejoindre le Lavomatic de repli qu'Elie a repéré en amont, à proximité du premier, pour faire face à toute éventualité. Un volontaire viendra récupérer le linge collectif (propre) dans le Lavomatic hostile un peu plus tard.

Quoi qu'il arrive, dans le Lavomatic où l'on a posé son linge et ses chansons, textes ou poèmes, au bout d'une lessive, on s'achemine vers la fin du rendez-vous.

Il y a un moment, un signal au bout duquel chacune des personnes présentes est invitée à formuler un son, et ce son, on le chante tous en même temps. Cela crée une grosse rumeur mélodique, une sorte de bourdon à plein de voix. Puis on tourne, et chaque participant peut à son tour saluer l'assistance comme il le souhaite : en chantant, en improvisant, en souriant, comme il veut. Puis vous récupérez votre linge, vos émotions et vos instruments, et vous quittez les lieux en toute simplicité en disant au-revoir aux copains. Vous pouvez aussi venir au rendez-vous du Lavomatic Tour pour écouter, tout simplement. Tout est possible. Votre scène du Lavomatic est ce que vous en faites.

La plupart du temps, on n'a pas envie de se quitter tout de suite après une lessive. Le linge commun, ça crée des liens, puisque nos habits, en règle très générale, c'est là-dedans qu'on habite. Alors partager ses habits, et mieux encore, ses habits sales, c'est dire à quel niveau d'intimité on est rendu au bout de 50 minutes de lessive automatique... Alors on se retrouve souvent dans un bistrot du coin pour papoter au bord d'un verre avant de se quitter. Mais là encore, c'est pas obligé.

Le Lavomatic Tour, c'est un rendez-vous qui existe à Paris, à Rennes, au Havre, à Avignon, à Lyon, à Bruxelles. Suivez sa tournée ici :

http://www.elieguillou.fr/projets/lavomatic-tour/.

(Si vous allez sur ce site, profitez-en pour découvrir Elie Guillou, ce qu'il fait quand il n'est pas agitateur de chaussettes...prochaine chronique bientôt sur cette page)

Le Lavomatic Tour, à La Rochelle peut-être bientôt ? Ce serait cool.

enfin, bon, voilà...