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17 janvier 2014

C'est slam...10 ans !

Un jour, des amies : Bouquin Affamé, ceux de Clichy ont bien connu et y pensent encore. 2003, par là. Une scène slam. Nada, Ninanonyme, Le Robert. Et nous ébahies. Les copines, ébahies ! Ce soir-là, on s'est pris le slam en pleine poire.

De là, j'ai découvert les scènes. Le Café Culturel à Saint-Denis, La Soupière dans le Xème, les frères Sania et Popof à la Fonderie à Bagnolet...J'ai traîné mes bottes, j'ai dégainé mes textes et j'ai réglé son compte à ma drôle de vie d'avant.

En ce temps-là, maîtresse d'école. En ce temps-là, élèves un peu cassés, en rupture, un peu fâchés. Un peu à fleur de peau. Plus peau que fleur, d'ailleurs. Ecorchés.  Hicham, un môme qui demandait pourquoi l'école, elle était pas ouverte le soir. Et pourquoi la classe verte, on repartirait pas, là, tout de suite. Et pourquoi quand tu vas à la police pour dire qu'un maître il t'a cassé la gueule, les polices ils t'écoutent pas. Sofiane, lui, il voulait savoir c'est quoi ma moto préférée, parce que quand il sera grand, il en volera une pour moi. (je crois qu'il est grand, maintenant. J'ai toujours su que maîtresse, c'était un métier d'avenir...). 

J'ai voulu la scène slam venir à leurs pieds. Ecrire, s'exprimer, dire, tu vois, la maîtrise de la langue. Pas loin de ses IO, la maîtresse, wep, pas encore loin. Mais pourtant, conscience aigüe de l'urgence pour ces mômes de dire, en dehors des murs de l'institution qui n'avait déjà plus toute leur confiance, et à quel juste titre ! Urgence d'exister dans la cité, avant que la cité ne les digère. Urgence d'être entendus. Avec leurs mots à eux. Urgence d'entendre les mots des autres, pour entrer en poésie, peut-être, s'élever un peu, ailleurs, plus haut que les rêves de moto.

En ce temps-là, Evin pas encore, le slam vivait sa vie dans les vapeurs bleues et fauves de troquets à l'épaisseur moite des pardessus humides à peine essorés de la torpeur métro. On avait tous une Gitane ou une Kamel en bandoulière, quelques grammes d'autre chose par ci par là. Pour mes élèves ça le faisait pas.

J'ai eu envie d'une scène slam pour tout le monde, grands et petits. J'ai eu envie d'une scène comme un vrai spectacle, avec des lumières, avec un public qui se tait et qui écoute, jusqu'au bout. J'ai eu envie d'un écrin pour la parole de chacun. Et la leur en particulier.

Le Robert s'est improvisé clichois pour l'occasion, il m'a donné le contact de Da Gobleen qui l'était déjà, et puis, avec ma pote Marie, une maîtresse comme je les aimais, on s'est montés en assoce, et on a créé C'est slam. En 2004. Pour Hicham et Sofiane, notamment.

La ville de Clichy ne connaissait pas trop le slam encore, mais elle nous a fait confiance, elle nous a prêté l'Espace Henry Miller. Une jolie salle de spectacle, et une petite pièce bleue et lumineuse pour les ateliers d'écriture. Mon pote Manu est venu, il a accompagné ses élèves, là, pour voir. Il était de toutes les scènes, il a écrit un texte, pour nous, un jour "Si C'est slameurs voguaient", il l'a dit, c'était un pur cadeau.

C'est Slam a dix ans cette année.

Il en est tombé, des mots, aux pieds d'Henry Miller qui a vu balbutier nos premiers micros ! Sont venus slamer Titeuf, Pickwick et Petit Homme Libre. Les Cinq Fantastiques. Sam et Paul. Claire. LéaH, Flo et Simsim. Pour ne citer que quelques juniors. Des d'un jour, des de toujours. Sofiane et Hicham, ils sont venus, oui, une seule fois. C'était la première, dans un café : ils ont écrit des textes à l'arrache sur les nappes en papier du bistrot. Ils les ont slamés. C'est déjà ça.

De suite, on a invité des gueules et puis des plumes. Du flow comme on dit. Du coeur au ventre et des trucs à dire. Ils ont répondu nombreux à notre invitation, les slameurs de notre première heure ! Sania, Yam Layam, Hocine Ben, Sancho, Grand corps malade, Nen...

Frank m'y a rejointe, à C'est Slam et autour de C'est Slam. On y a vécu de jolis moments, on a retrouvé une partie de son public dans nos projets d'écriture, de création de spectacles à la sauce Frangélik...

Aujourd'hui, elles sont une poignée de filles à faire tenir le bazar. Contre vents et marées, rigueurs budgétaires et passages des modes, elles tiennent le truc debout, fidèle à sa vocation initiale. Scène ouverte. Ateliers d'écriture. Espace d'expression intergénérationnel. Gratuit. Tout gratuit. Chapeau bas Mesdames. Café Buvette, Boîte à Musique, Gaïd, Elisabeth...Chapeau bas, c'est pas simple, la durée. C'est pas toujours gratifiant, l'autre côté de la lumière, l'autre côté de la parole, le côté du faire, le côté des fourmis.

Je ne suis plus dans l'assoce depuis un moment. Je ne suis plus maîtresse d'école, je suis chanteuse. Cigale, tu vois, comme quoi...

La tradition veut, à C'est Slam, que chacune des scène ouvertes soit suivie d'un spectacle. Un spectacle créé par des artistes issus de la scène slam.

Ce mois-ci, c'est Frangélik, "Vue sur la cour". Le 24 janvier. Dans une semaine tout rond.

Vue sur la Cour Concert Clichy

Conception du Logo de C'est Slam, de la base de l'affiche, photo de Frangélik : Thierry Chantegret. Conception graphique : Elisabeth Perpétua.

Blog de l'association C'est Slam : http://cestslam.blogspot.fr/

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