If I could answer Kipling
Si
Si tu peux parler peu sans
paraître effacée
Si tu sais écouter sans
n’être qu’une oreille
Si tu peux regarder un homme
sans ciller
Assumant d’un sourire ta
bouche vermeille
Si tu peux chatoyer sans
n’être qu’une poupée
Si tu sais de soieries
envelopper les cœurs
Si tu sais t’ébrécher tout en
restant debout
Si tu peux t’émécher
seulement, quand ils sont souls
Si tu sais, droite au foie,
faire respecter tes droits
Imposer tes silences comme on
impose une loi
Si tu peux tout donner au
prochain amoureux
Sans lui tenir rigueur des
naufrages antérieurs
Si tu sais prendre aussi et
lui forcer l’estime
A pas vouloir payer un seul
sou de sa dîme
Serrer les étalons dans les
surprises-partys
Oui mais rester sincère
jusqu’au fond de leur lit
Si tu peux préserver ce qui
fait la tendresse
Sans vendre ta liberté pour
une nuit d’ivresse
Si tu sais être mère, mais
sans abnégation
Les conduire hors de toi,
aimer sans condition
Mais sans brader pour ça tes
folies, tes passions
Si tu peux conjuguer ta force
nourricière
En laissant pour un temps tes
combats au vestiaire
Avec la joie tranquille du
travail à finir
Même s’il faut pour cela te
résoudre à vieillir
Si tu donnes le plaisir en
plus du nécessaire
Et si tu irradies plus loin
que ta chaumière
Si tu ouvres ta gueule parfois
à bon escient
Et que tu lâches tes chiens
sur le terrain de chasse
Pour prendre le pouvoir sans
la guerre ni le sang
Par ta foi ton savoir ton
action et ta place
Si tu peux supporter
l’injuste et l’indigeste
Quand tes choix te conduisent
aux confins de l’opprobre
Oser mettre ton nom au bas
d’un manifeste
Quand bien même les autres te
traiteraient de salope
Si tu peux passer outre les
clivages imposés
Ne regarder dans l’homme que
son humanité
Si tu peux dépasser les
poncifs populistes
Qui à féminité répondront
féministe …
Alors tes hommes, tes gosses,
tes aïeules, tes miroirs
Seront à tout jamais tes amis
insoumis
Et ce qui vaut bien mieux que
l’illusion d’une victoire
Tu seras un homme, ma fille !